Les agrumes et nous
- AuxSoleils DeManan
- 18 oct. 2024
- 3 min de lecture
Que représentent les agrumes pour vous ?
En ce qui me concerne, cela a commencé durant un hiver comme un autre, un hiver froid et humide au fin fond de la métropole lilloise, là où la ville a des airs de campagne. La lumière est terne et morose. Et pourtant, la chaleur humaine baigne l’école communale de cette petite bourgade du Nord où je vivais. L’approche des fêtes de fin d’année commence à la Saint Nicolas : le maire, vieil homme portant beau le costume et la cravate, passe dans les classes en compagnie de « grandes personnes » que je ne cherche pas à connaître. Cette année, comme chaque année, nous attendons bien sagement la distribution des coquilles de Noël, et des oranges.

Je ne sais pas si cette tradition était propre à ma commune, ou à ma région, ou si c’était le cas dans chaque endroit de France. Ce que je sais, c’est qu’aucun gamin n’aurait voulu manquer ce moment de don, de partage et de douceur. Les coquilles sont une institution dans le Nord. Et elles se mariaient délicieusement avec les oranges, ces fruits lumineux « venus des pays chauds ».

Du plus lointain de mes souvenirs, c’est ce moment précis qui me vient à l’esprit quand je fouille ma mémoire, en quête de mon premier contact avec les agrumes. Un fruit venu des pays chauds, comme on disait, et qui s’unissait à merveille avec les gourmandises de « ch’nord ».
Je pense aussi que c’est ce souvenir, et la sensation d’émerveillement et de réconfort qu’il procure, qui m’a forgé dans ma relation avec les agrumes.
La vie est un long chemin, parfois sinueux, qui nous ramène tôt ou tard à notre enfance. Je ne sais pas si cela est vrai, mais je me plais à le croire en ce qui me concerne. Bien des années plus tard, bien après ces doux moments enfantins, les agrumes m’ont retrouvé.
Une pensée, une impulsion de mon épouse, me demandant de planter des orangers, dans le jardin de notre nouvelle maison du Lot et Garonne, ont engendré une forme de destin irrémédiable. Je me souviens de ma réponse goguenarde où il fut question encore et toujours de pays chauds. Mais la graine était semée…

Je passe le temps des premiers échecs, de ce kumquat offert par les collègues et qui ne passât pas son premier hiver. C’était de ma faute me disais-je. Plus tard, je comprendrai : c’était plutôt porte greffe inadapté.
Et vint ma rencontre avec les Satsumas, le Japon, les yuzus… à travers ce nouvel outil qui prenait son envol et rendait tout possible : internet. Mais oui ! La culture des agrumes était possible en France ! Je découvrais de nouvelles variétés dont les descriptions des passionnés contribuaient à me mettre l’eau à la bouche, sans jamais même en avoir goûté.
Les premiers forums apparaissaient, rassemblant les passionnés, mais je passais encore mon chemin. Je ne suis pas forum de discussion, ni réseau social. Je suis trop solitaire, trop sauvage. Donc j’ai continué à écumer internet. Je découvrais moultes variétés, moultes sensations provenant d’un imaginaire construit par les femmes et les hommes à travers le monde.
Car c’est un fait irréductible chez moi: je ne parviens pas à dissocier les agrumes des histoires de femmes et d’hommes qui leur sont reliées.

Le chien est le meilleur ami de l’Homme dit-on. Je pense la même chose des agrumes. L’expansion des agrumes dans le monde, c'est à dire l’extension de leur aire de culture et la multiplication de leurs variétés, est intriquement liée à l’action humaine. A tel point que je me demande parfois si c'est l'Homme qui mène la danse des agrumes ou si c'est l'inverse: dame nature inventant des mutations spontanées, menant l'Homme par le bout des papilles. C'est une histoire passionnelle.
Pas à pas, ce site verra la parution de post de ce type, ou tout à fait différents. La seule constante sera la volonté de partage et d’émerveillement, à travers notre passion commune.
Bienvenue dans votre pépinière d’agrumes.
